5 théories éthiques modernes
La première des 5 théories éthiques est naturellement l’éthique d’Aristote. Il est le père fondateur et a inspiré tous ses successeurs. Ensuite, la philosophie morale de Kant oriente l’éthique vers la déontologie idéaliste.
Dans les temps plus modernes, les théories inspirées par le droit s’orientent vers des approches plus pratiques et moins idéalistes. Les avocats anglais Jeremy Brentham et finalement John Rawls avec une éthique centrée autour de la notion de «fairness» ont finalement ancré l’utilitarisme dans nos esprits.
Le virage social a été pris par l’éthique du care (soins) de la New Yorkaise Carol Gilligan. Et avec le philosophe allemand Jürgen Habermas, l’éthique du discours, revêt un facteur social et médial, dans le sens où il souligne l’importance du débat, de l’échange, du dialogue et de la communication.
Et enfin, collée à notre société des données, la théorie de l’éthique des données du professeur d’Oxford Luciano Floridi prévaut. La responsabilité et le respect sont des pierres angulaires.
1) L’éthique [Aristote]: l’éthique de la vertu
2) Imperativ catégorique [E. Kant, 1781]: déontologique
2) Une justice comme équité [John Rawls, 1971]: utilitariste
3) Éthique des soins [Gilligan 1990; Adam 2001]: social
4) L’éthique du discours [Habermas 2002]: les médias
5) L’éthique de l’information de Floridi [Floridi, 2013]: données
Aristote – l’éthique de la vertu
Pour l’éthique de la vertu, clickez ici.
Éthique déontologique d’Emmanuel Kant (1724-1804)
Kant rejette l’amalgame aristotélicien de la vertu morale et du bonheur. Sa théorie est donc en contradiction avec l’approche centrée sur l’individu d’Aristote.
Son impératif catégorique est le résultat d’un homme qui a vécu à une époque où la religion était omnipotente et la plus haute référence. Aucune dérogation n’est possible. Pas de compromis.
«Impératif catégorique» signifie «vrai» tout le temps. L’obligation est contraignante en TOUTES circonstances.
«N’agis que conformément à cette maxime par laquelle tu peux en même temps vouloir qu’elle devienne une loi universelle. »[Kant, 4: 421]
Et là encore, son point de vue nous a donné l’une des meilleures façons d’agir, «ne faites pas aux autres, ce que vous n’aimeriez que les autres vous fassent».
Jeremy Bentham (1748-1832) – conséquentialisme
Jeremy Bentham était philosophe et jurisconsulte. Son principe est l’utilitarisme, qui évalue les actions en fonction de leurs conséquences. Il est clair et fortement inspiré par ses références philosophiques, à savoir John Locke et David Hume.
Les conséquences pertinentes, en particulier, sont le bonheur global créé pour toutes les personnes touchées par l’action.
John Rawls (1921-2002) – Utilitarisme
Près d’un siècle plus tard, le philosophe politique américain John Rawls a secoué le monde éthique avec son livre “Justice as Fairness”.
Il identifie 2 principes de justice
«Chacun doit avoir un droit égal à la liberté la plus grande, compatible avec une liberté similaire pour les autres»
«Toutes les valeurs sociales… doivent être réparties de manière égale à moins qu’une répartition inégale… ne soit à l’avantage de tous»
On a souvent comparé sa philosophie comme un nouveau “contrat social” (Locke, Rousseau, Hobbes), mais basé sur l’utilitarisme. Rawls était fortement influencé par Kant.
Carol Gilligan – Éthique du care
Carol Gilligan, professeur de philosophie et psychologue américaine, est la porte-parole la plus populaire de l’éthique du care. C’est une approche de l’éthique sociale et connectiviste. Elle est construite autour de l’humain et pour les humains.
Dans l’éthique du care, les gens sont définis comme des êtres sensibles, relationnels et connectés.
“Nous sommes tous connectés et devons agir en tant que tels. Écoutez-vous les uns les autres. Prenez soin les uns des autres.”
En éthique des soins, tout le monde a une voix, est écouté attentivement et entendu avec respect.
Outre l’importance de la réactivité dans les relations (être attentif, écouter, répondre), il y a aussi un avertissement réaliste de la part de Gilligan.
Avec la connectivité, il y a un risque permanent de perdre la connexion. Une perte de connexion avec soi-même ou avec les autres.
La pensée de Gilligan est fondée sur une logique psychologique.
Éthique du discours – Habermas – 1983
Dans les années 1980, la société est passée d’une société de produits / services à une société de l’information / de la communication.
Pour Jürgen Habermas, l’éthique aussi est devenue une «action communicative» où les gens ont besoin de débattre de questions éthiques.
L’éthique du discours repose sur la prémisse qu’un consensus sera trouvé. C’est l’un des principes de la théorie de Habermas où les esprits divergent.
Certains ont qualifié le philosophe allemand de naïf, arguant qu’un compromis n’est pas toujours possible. Cependant, il s’est tenu au côté positif de sa théorie et c’est finalement une belle pensée, teintée par Aristote. Bonheur, positif …
Les facteur importants sont la bonne volonté et l’intelligence sociale pour Habermas.
L’éthique du discours a souvent été qualifiée de «monde de communication idéal».
Luciano Floridi – Data Ethics
Actuellement, dans le monde des GAFAM et des robots, c’est la théorie des données de Floridi qui est la plus tendance. Luciano Floridi, professeur à Oxford en philosophie et éthique des données, a ajouté une nouvelle couche à l’éthique appliquée: les données.
Bien qu’appelée “éthique des données”, elle quitte le monde technologique pour devenir humaine et sociale. Car l’homme est le centre de sa pensée. La responsabilité également.
Le concept central de sa théorie est l’infosphère: c’est le tout dans lequel nous évoluons. Tout le monde est acteur. Tout le monde est responsable. Et tout est donnée, pour Floridi. Cette interconnectivité est basée sur le respect. Et celui qui ne prend pas soins de l’infosphère serait sanctionné.
Ethique des données
L’éthique des données se concentre sur les problèmes liés aux données (génération, enregistrement, conservation, traitement, diffusion, partage et utilisation), aux algorithmes (y compris l’IA, les agents artificiels, l’apprentissage automatique et les robots) et les pratiques correspondantes (y compris l’innovation responsable, la programmation, piratage et codes professionnels), afin de formuler et de soutenir des solutions moralement bonnes (par exemple, de bonnes conduites ou de bonnes valeurs).
Ce n’est pas une technologie spécifique (ordinateurs, tablettes, téléphones mobiles, plates-formes en ligne, cloud computing, etc.), mais ce que fait toute technologie numérique qui représente l’orientation correcte des stratégies éthiques
«Cela signifie que les enjeux éthiques posés par la Data Science peuvent être cartographiés dans l’espace conceptuel délimité par trois axes de recherche: l’éthique des données, l’éthique des algorithmes et l’éthique des pratiques. »(Floridi, 2016)
L’élégante pensée ici est que l’accent est mis sur différentes dimensions morales des données. Parce que certaines données peuvent générer des modèles de comportement, impliquant ainsi des choix éthiques.