Aristote – le père de l’éthique classique
Aristote, le fondateur de l'éthique classique
Aristote et le Bonheur
Né en 384 avant Jésus-Christ, à Stagire, issu d’une famille de médecins, Aristote était le disciple de Platon. Il va fonder sa propre école, Le Lycée avec une technique caractéristique d’enseignement, apprendre en marchant.
Touche-à-tout, il s’intéresse à l’éthique, à la politique, à l’économie, à la logique, à la rhétorique, à la poétique, à la cosmologie, même à l’histoire des animaux. Il sert de précepteur au futur Alexandre le Grand, à la demande du père de celui-ci, Philippe de Macédoine.
Dans son écrit, L’Ethique à Nicomaque, Aristote cherche le Souverain Bien pour l’homme. Un Souverain Bien subjectif et collectif. Il s’agit du Bonheur.
Aristote et le Bonheur
Aristote passe en revue tous les principes, qualités de caractère, vertus, mouvement de l’intellect et de l’âme qui pourraient potentiellement entrer en considération pour atteindre le Bonheur. La justice, la famille, l’amitié, le courage, la bienveillance. Mais aussi leurs contraires, l’égoïsme, l’intempérance, l’impétuosité, la faiblesse.
«Le bonheur est le plus beau et le meilleur de toutes choses est aussi le plus grand du plaisir. »
Certes, facile à dire, mais assez difficile à atteindre et garder dans notre monde complexe, fluctuant et rapide.
Pour Aristote, l’éthique comprend tous les domaines, de l’économie, la philosophie sociale, juridique et étatique, l’anthropologie, la religion, l’histoire à la philosophie de la culture. Pour lui c’est un état d’être. Loin d’une technique ou d’une discipline. C’est qui nous sommes. Ou qui nous devenons par nos actes. Et voilà l’éthique. Une philosophie de l’action.
Certaines citations d’Aristote en disent plus que toute explication
«La vertu est un état d’être»
«Je parle de la vertu morale, car c’est celle qui concerne les affections et les actions. Cependant dans ce domaine, il y a un excès, un défaut et un milieu. »
«La vertu est une moyenne»
«Cette moyenne est l’excellence»
Étymologie
Parfois, un retour aux sources éclaire car l’état brut des mots, choses et êtres nous aide à les rendre plus distincts.
Éthique vient du grec «ethos» signifie «caractère» ou «habitudes».
C’est une branche de la philosophie définie par l’Encyclopaedia Britannica comme
“L’éthique, également appelée philosophie morale, est la discipline concernée par ce qui est moralement bon et mauvais et moralement juste et faux. Le terme s’applique également à tout système ou théorie des valeurs ou principes moraux.”
L’éthique est liée aux notions de valeurs morales, de jugements et de pratiques correctes et justes.
Selon Aristote il y a 2 dimensions à considérer
L’éthique au sens étroit qui sont propres à l’homme en tant qu’être agissant. Les vertus. εthos avec Epsilon: E, ε
L’éthique dans un sens plus large qui considère l’homme dans toutes les dimensions sociopolitiques (ethos). Le caractère. ηthos avec Eta: H, η
Les questions éthiques les plus courante
L’éthique est une philosophie actionnelle donc les questions se posent par rapport à nos actions, par rapport à nos choix.
«Comment dois-je agir?»
«Comment dois-je me comporter? »
«Jusqu’où dois-je aller? »
«Est-ce que c’est bien ou mal ce que je fais? »
Et les références sont des principes moraux, individuels, communautaires, sociétaux ou (inter)nationaux.
C’est la petite et la grande éthique. Comment je me comporte dans une situation spécifique et comment je conçois l’ensemble du système.
Dans ce contexte, l’importance de la notion de responsabilité saute aux yeux. Et l’on comprend aisément pourquoi dans presque tous les débats sur la robotique, les systèmes et agents intelligents autonomes la responsabilité prend une place centrale.
Aristote et l’éthique de la vertu
Pour Aristote, il y a deux sortes de vertus, l’une qu’on peut apprendre par l’enseignement et l’autre, qu’il appelle morale, inhérente à un chacun de nous.
«Il y a deux sortes de vertu: intellectuelle d’un côté et morale de l’autre. »
La vertu intellectuelle est celle qui grandit, c’est notre devenir par nos actes et expériences. Nous pouvons débattre de certaines choses et parfois changer de point de vue ou de comportement. C’est l’apprentissage d’une vie.
Mais la vertu morale, pour Aristote est le fruit de l’habitude. [Ethique à Nicomaque, Livre II, ch.1, n ° 1. ] Elle est ancrée en nous.
Les vertus sont la sagesse, le courage, l’équilibre, la gentillesse, l’équité, la justice …
2 grands modes de raisonnement
Au fil des siècles, deux grands modes de raisonnement éthique ont émergé. Ils sont toujours d’actualité pour choisir dans des moments importants.
Regardons l’heure actuelle, à l’époque du COVID-19, qui est une période de prises de décision difficiles et quotidiennes pour nous tous. Pour les médecins, pour les politiciens.
Il y a deux principaux modes de raisonnement qui prévalent.
Le raisonnement éthique conséquentialiste encore appelé utilitariste
situe la moralité dans les conséquences d’un acte. Mieux vaut ceci (moins de dégats), que cela (trop de dégats). Mieux vaut sacrifier une personne pour en sauver 5000.
Le raisonnement catégorique ou déontologique
situe la morale dans les devoirs, les valeurs, les idéaux, quelles qu’en soient les conséquences. Rien ne sera sacrifié. Nous ne voulons perdre personne.
Exemple AstraZeneca
Actuellement, l’utilisation du vaccin AstraZeneca est le fruit d’un résultat éthique. Certains gouvernements (Danemark) décident de renoncer complètement à l’administration du vaccin à leur population. C’est un choix éthique déontologique.
Tandis que d’autres gouvernements décident de continuer l’administration (France, Luxembourg, Allemagne) en se basant sur les recommandations de EMA (European Medecines Agency) en reprenant leur argumentation:
Overall, both of these reviews reaffirmed the vaccine offers a high-level of protection against all severities of COVID-19 and that these benefits continue to far outweigh the risks.
Les dommages collatéraux sont trop faible en pourcentage comparés au bienfait des personnes vaccinées contre la COVID-19. C’est un raisonnement utilitariste.
Éthique normative
Pourquoi l’éthique est-elle devenue primordiale dans les temps modernes?
L’éthique est devenue un phénomène social depuis l’omniprésence des appareils, programmes et créations informatiques dans notre vie quotidienne. Notre perception du monde a changé. Notre rapport aux autres, à l’environnement. Et notre appréhension de nous-mêmes.
Dans un monde fluctuant, certains repères semblent flous. Certaines frontières plus aussi claires qu’auparavant. Qui est responsable de quoi? Qu’est-ce qui est public/privé. Réel/virtuel? À moi/aux autres? Est-ce humain ou robotique? Prévisible/Programmé?
Comme le sfumato dans la peinture. La technique du flou, de l’évaporé, de la fumée, du vague. Un parfait exemple en est la Joconde de Léonard de Vinci. L’arrière-plan n’est pas précis mais peint en sfumato.
Nous sommes en phase de re-définition, de qui nous sommes. Quelles sont nos priorités? Comment définissons-nous notre bonheur? Devons-nous redéfinir les normes? Ou les abandonner?
Pensez-vous que le bonheur a changé?