Serendipity ou Algorithme
Quid est SERENDIPITY?
Le terme de Serendipity est attribué à
Horace Walpole, 4e comte d’Orford (1717-1797).
Philosophe et écrivain de romans gothiques
dont The castle of Otranto, il était aussi
membre du Parlement britannique, antiquaire et homme de salon. Contemporain de Voltaire, il ne mentionne le mot Serendipity qu’une seule fois, et ce dans une lettre personnelle.
Quid est ALGORITHME?
Le mot Algorithme est attribué au mathématicien, astronome persan Al-WARIZMI ou Al -KHOREZMI (vers 780 -850). Chiffre et la découverte du nombre zéro lui sont attribués; il a introduit le système décimal et devient un pionnier de l’algèbre.
Le mot Algorithmi, traduction latine d’Al-Khorezmi, a donné Algorithme.
Pourquoi écrire sur la nébuleuse Serendipity et les tout-puissants algorithmes?
Serendipity, défini par son inventeur Horace Walpole, est différente du destin (positif et négatif) ou de la chance, de la providence, de la fortuité ou du pur hasard.
Il n’existe pas de théorie, ni de manifeste serendipitique, ce qui rend le concept d’autant plus intriguant.
Le comte anglais l’a inventé en lisant « a silly fairy tale » qui était une traduction anglaise par un Français qui avait lu l’histoire « The Travels and Adventures of The Three Princes of Serendip » basée sur un récit d’un auteur inconnu persan, inspiré par des récits indiens ou chinois (!!!).
Inspiré par ce récit de voyage, très en vogue au 18e siècle, Walpole a ni plus ni moins imaginé le néologisme Serendipity pour décrire les découvertes surprenantes des trois altesses royales.
Pour son inventeur, Serendipity est « a very expressive word ». Il est tout à fait curieux que Walpole ne mentionne Serendipity qu’une seule fois, et ce dans une lettre personnelle. À croire que la genèse du terme était prémonitoirement serendipitique.
Les deux idées caractéristiques de la Serendipity, selon Walpole, sont l’accident et la sagacité. Ce sont les connotations esprit, attitude, perspective, réceptivité, savoir connecter, combiner, réinterpréter, reformuler, imaginer et créer qui font toute la différence.
La Serendipity c’est une occurence, un phénomène, un hasard circonstancié positif.
Champs sémantique et connotations diverses
Son champs sémantique est composé de mots comme imagination, flânerie, surprise, intuition, révélation, nouveauté et bonheur.
Tandis que algorithme est défini par le calcul, la méthode, la programmation, le précis, la formalisation, la répétition, la séquence et l’explicable. Tout est étonnant quand on parle de Serendipity!
Lors de mes études littéraires à la Sorbonne, ce sujet gourmand est réapparu sous de multiples formes.
Notamment, avec Voltaire, en 1748 et son conte philosophique « Zadig ou la Destinée », inspiré du même conte persan « Voyages et Aventures des Trois Princes de Serendip ». Walpole lisait Voltaire, qui au 18e siècle était une véritable rock star. Pour le philosophe de Paris, la sagacité de Walpole était plutôt du discernement rationnel et l’accident circonstanciel une « bizarrerie de la Providence ».
De nos jours, la « bizarrerie de la Providence » a été remplacée par les algorithmes et les statistiques.
Nul ne peut nier l’importance hypertrophiée des algorithmes qui rythment notre vie, sous la forme des Siri, Alexa et autres assistants. Ils nous accompagnent, assistent, soutiennent et nous guident quotidiennement.
Est-ce par confort? Manque de confiance? Trop de confiance ? Les croyons-nous supérieurs à nos propres capacités?
Notre relation au monde
Qu’il s’agisse de l’intelligence artificielle, de la robotique, du machine learning, du deep learning ou simplement du big data, tout nous pousse à réfléchir dans quelle mesure notre relation au monde, aux autres et à nous-mêmes se trouve affectée par la gouvernance des algorithmes.
Le non-programmé a-t-il encore sa chance dans notre vie ultra-calibrée par les machines et programmes algorithmiques?
Le constat de la prise de pouvoir des ordinateurs sur l’Homme n’est pas nouveau.
Déjà en 1964, Joseph Weizenbaum du MIT (Massachusetts Institute of Technology), grand pionnier des chatbots avec son programme Eliza, alertait la société d’une dérive possible.
Dans son livre « Computer Power and Human Reason – From Judgement to Calculation » il pointait la suprématie des ordinateurs programmées sur l’Homme. Sur la psyché de l’Homme. ou machines Weizenbaum constatait avec stupéfaction combien vite les gens faisaient confiance – «fast and deep » – aux programmes informatiques les plus simplistes.
Qu’une dépendance se développait extrêmement rapidement, mettant en veille notre bon sens. Ses sujets de prédilection étaient la responsabilité et la confiance. Le pouvoir de décider, de juger.
Pour Weizenbaum ce sont des qualités proprement humaines qui nous distinguent des machines.
Les hommes décident, les machines calculent.
La Serendipity devenue bankable
Actuellement, la Serendipity redevient un sujet très en vogue dans les sphères de l’intelligence artificielle et des algorithmes.
Sur le plan de l’IA, l’idée de Serendipity n’est pas nouvelle.
Elle a déjà été présente dans les laboratoires de l’intelligence artificielle depuis les années 1980. Mais c’est avec le boom de la robotique et des systèmes autonomes, la Serendipity est devenue parfaitement bankable.
Pourquoi maintenant ?
Parce que les Big Tech constatent de plus en plus que les modèles de ML ne matchent pas avec la réalité. Que le doute et l’incertain appartiennent indéniablement à la nature humaine.
L’objectif des acteurs mondiaux du big data et de l’intelligence artificielle, c’est d’injecter de l’incertain dans les algorithmes.
De créer artificiellement le flou, Ils ne l’appellent pas Serendipity, mais le vague, la « uncertainty », ou la «randomness» voire «fuziness». Créer des systèmes qui autoévaluent leur propre degré d’incertitude.
Crucial dans le cas des voitures autonomes ou drones militaires ou des diagnostiques médicaux.
Tout comme l’homme qui doute, évalue, estime avant de décider. Voilà ce à quoi aspirent les savants dans leurs laboratoires de Menlo Park et ailleurs.
L’idée est de programmer du non-programmé dans les algorithmes afin de les rendre plus précis… dans le vague.
Plus réalistes. Plus humains.
Que de paradoxes!
Le raisonnement abductif, caractéristique potentielle de la Serendipity
Quand on parle de l’inexplicable, du non-rationnel, il existe une logique bien particulière que Aristote avait déjà mise en lumière : abduction.
La logique abductive serait la plus à même d’expliquer ce phénomène de Serendipity.
Pour Aristote, le recours à l’abduction permet à une grande partie de notre pensée ordinaire de fonctionner sur le mode de la suggestion et de la supposition.
L’abduction est une méthode logique comme la déduction ou l’induction – sauf que pour l’abduction on cherche des hypothèses, des explications possibles, à des observations réelles.
« La voiture est mouillée ». « Il a plu. » – serait notre déduction.
Sauf que cela n’est qu’une simple hypothèse parmi d’autres, et non une conclusion prouvée.
Nous perdons certes en rigueur, mais nous gagnons en ouverture.
L’abduction outrepasse les lois de la logique pure et nous fait rentrer dans le monde des possibles, du probable.
Le raisonnement abductif est utilisé dans de nombreuses disciplines, tel les diagnostiques médicaux (il se peut qu’un symptôme soit un indice pour telle ou telle maladie), la recherche de bugs dans un système technique ou informatique (si l’ordinateur ne démarre plus, il se peut que…), dans le domaine juridique et toutes sortes de situations causales quotidiennes.
Au 19ème siècle, c’est le philosophe, logicien, mathématicien et père de la sémiologie (science de signes) Charles Sanders Peirce (1839-1914), qui s’intéresse de près à l’abduction et la « démocratise ».
D’après le penseur américain, l’abduction « se passe dans une partie incontrôlée de notre cerveau. Le processus n’a rien à voir avec une règle logique ».
L’abduction est un processus central dans la formation des hypothèses scientifiques. Jusque là on assimilait souvent la démarche scientifique à une démarche logique dite « hypothético-déductive » où seuls interviennent l’induction et la déduction.
Umberto Eco, décrit l’abduction comme « la méthode du détective ». Chercher des traces, détecter des indices et formuler des hypothèses. C’est ce qui se passe quand on se trouve confronté à un phénomène serendipidique. On veut élucider le mystère.
Les algorithmes binaires manquent cruellement d'humanité
Les faiseurs de réalité nous fabriquent/calculent un faux-réel qui parfois devient notre nouvelle réalité.
Une réalité virtuelle assise sur des filter bubbles.
Les algorithmes de personnalisation à outrance, nous enferment dans des univers narcissiques et formatés par nos propres et connaissances et envies ».
Or notre vie n’est pas un calcul. C’est notre rationalisation qui la rend séquencable, logique et moyennement prévisible. Mais au fond, nous errons dans du non organisé.
Dans du non-programmé, du non-anticipé, du nouveau, de l’inconnu, du et du non-explicable, du comme Jankélévitch disait du « je ne sais quoi du presque rien » qui fait partie de notre condition humaine.
Si la Serendipity nous rapproche de la réalité, de la vérité. alors pouvons-nous apprendre la Serendipity? Serait-ce une technique? Un art?
Aristote répondrait certainement « oui ». Tout comme Aristote affirmait que la rhétorique est une technique, que le raisonnement logique. Notre esprit, attitude, notre perspective les rendent possibles.
Comment vivre la Serendipity?
Elle est indéfinissable. Inclassable, polymorphe et intense, comme l’émerveillement.
Elle est subjective et se vit. Le penseur extraordinaire Heinz von Foerster aurait pu dire qu’elle est fractale. Elle se répète à l’infini à l’intérieure d’elle-même.
Du moment qu’on parle de Serendipity ou d’algorithme, le point commun entre les deux est le raisonnement. L’un est sans raisonnement, ou au moins semble ne correspondre à aucune logique, tandis que l’algorithme brille par la construction de multiples logiques, logique discursive, logique inductive, logique déontique, même fuzzy logic ou logique de l’aléatoire (random) pour en nommer que quelques-unes.
La Serendipity n’a pas de but, tandis que l’algorithme est un process de calcul assigné à un but. Elle ne sait pas qu’elle est. Dans ce sens, elle est semblable à l’algorithme. Il ne sait pas qu’il est.
C’est une sorte de magie. Pouvons-nous la vivre quotidiennement? Soyons réalistes.
Complètement vivre notre vie sur le mode Serendipity ne serait pas non plus possible. Néanmoins, notre condition notre équilibre, n’exigent-t-ils pas des moments serendipitiques?
Des bulles irrationnelles, dadaïstes, fun et fantaisistes, et intenses à souhait.
Cette augmentation de la réalité, ne nous manquerait-elle pas si nous ne la cultivions plus?
En tout cas, la Serendipity est authentique. Unique. Intense. Non-falsifiable. Et peine à survivre dans un monde organisé, arrangé et logique des algorithmes. Elle perd de sa superbe.
Ne serait-ce pas l’étincelle irradiante contre l’enlisement algorithmique du quotidien qui parfois nous éloigne de notre patrie à tous : le bonheur.
Trouver ce qu'on a pas cherché
Si les démarches déductives et inductives apportent des informations quantitatives partiellement contenues dans les prémisses, c’est la nouveauté de l’information trouvée qui caractérise l’abduction, puisqu’elle « nous apporte une connaissance, faillible certes, mais nouvelle ».
L’abduction, c’est l’apport d’une connaissance foncièrement nouvelle, souvent irrationnelle, qui caractérise la Serendipity.
Tout comme l’intuition, elle consiste à envisager les possibles.
La Serendipity a donc recours à la perception comme à la cognition.
L’objectif est de mener à une compréhension globale d’un phénomène inattendu : la suggestion abductive nous arrive comme un éclair bien que d’une vue extrêmement faillible.
C’est ainsi que les Pasteurs, les Flemings, les Roentgen, les Schlieman ou les Soeurs Tatin ont découvert des trésors sans les chercher.
Tandis que les algorithmes nous éloignent de plus en plus du possible et nous ancrent dans le réel, et non dans la réalité, la Serendipity nous emmène danser du côté du possible, du virtuel, de l’imagination. L’abduction convoque l’imagination, l’intuition, la créativité. Donc l’esprit.
Serendipity ou Algorithme - le livre
Le présent article est tiré du livre Serendipity ou Algorithme de Katja Rausch, paru aux éditions Karà. 2019.
Avec les contributions de Claudia Colombani, Panos Papadopoulos et Andrej Dameski.
- Founder HOUSE OF ETHICS
- Author's Posts
Katja Rausch is specialized in the ethics of new technologies, and is working on ethical decisions applied to artificial intelligence, data ethics, machine-human interfaces and Business ethics.
For over 12 years, Katja Rausch has been teaching Information Systems at the Master 2 in Logistics, Marketing & Distribution at the Sorbonne and for 4 years Data Ethics at the Master of Data Analytics at the Paris School of Business.
Katja is a linguist and specialist of 19th century literature (Sorbonne University). She also holds a diploma in marketing, audio-visual and publishing from the Sorbonne and a MBA in leadership from the A.B. Freeman School of Business in New Orleans. In New York, she had been working for 4 years with Booz Allen & Hamilton, management consulting. Back in Europe, she became strategic director for an IT company in Paris where she advised, among others, Cartier, Nestlé France, Lafuma and Intermarché.
Author of 6 books, with the latest being “Serendipity or Algorithm” (2019, Karà éditions). Above all, she appreciates polite, intelligent and fun people.
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The proposed concept of swarm ethics evolves around three pilars : behavior, collectivity and purpose
Away from cognitive jugdmental-based ethics to a new form of collective ethics driven by purpose.
Goats work as caddies at this Oregon ranch
[url=https://http-kraken13.at]kraken16.at[/url]
To most, goat is simply the name for a horned ruminant mammal. For those in sporting circles, it’s a four-letter acronym bestowed upon the greatest of all time.
Venture through the myriad pine forests and winding creeks into the Blue Mountains of Eastern Oregon though, and both apply simultaneously.
https://kpaken17.at
kraken18
Silvies Valley Ranch offers a slice of Wild West luxury to travelers and – for the golfers among them – the opportunity to be caddied for by a rigorously trained team of goats.
A world first when launched in 2018, the current team is the best to ever do it, as far as Silvies owner Dr. Scott Campbell is concerned – and they have even convinced some initial skeptics.
“A lot of people said it was a stupid idea,” Campbell told CNN.
“They thought it would make people call us a goat track. Nothing could be further from the truth. Everybody has a good time … People come from all over the world.”
New career path
The radical setup was born from a practical problem.
McVeigh’s Gauntlet – Silvies’ seven-hole challenge course – was far too steep for golf carts to safely traverse. With players only requiring a few clubs to play the course, carrying such a load was well within the capabilities of the ranch’s 3,000 grazers, whose ancestors were transporting cargo long before golfers were planting tees.
“The goats were asking for different career opportunities, and as an equal opportunity employer, we developed a new career path for them,” Campbell joked.
A three-month evaluation process sees potential caddies as young as six months old scouted on their friendliness and physical aptitude. Those that progress to the next stage are fitted with a custom-made golf bag – tailored by Oregon-based company Seamus Golf – to see if they’re comfortable carrying it.
The bag is near-empty for training, but for full-time caddies contains six clubs, extra balls and tees, six drink cans and their daily wage: a few dozen peanuts.
Chosen candidates are taught the course and put on a carefully monitored physical and nutrition regime before starting their new role from two years old, working six-hour shifts three to four days a week. An on-site vet visits the caddy shack – situated next to the club house and open to visitors throughout the day – on a weekly basis.
Eight goats make up today’s caddie team – Chunky, Mulligan, Harry, Bogey, Birdie, Charlie, Carrot and Jack – with nine yearlings in training and 10 three-month-old prospects waiting in the wings.